jeudi 18 septembre 2014

Il était une fois un petit lapin




Quetzalcóatl1, un dieu majestueux et bon, sillonnait le monde en forme humaine, fatigué de marcher sans cesse, un jour il remarqua que son appétit augmentait au fur et à mesure que son périple continuait.

Naturellement, la lune apparut, enveloppée d’un linceul d’étoiles et le dieu décida de s’asseoir au pied d'un arbre pour se reposer, où il aperçut un lapin.

- Qu’est-ce que tu manges ?- lui demanda le jeune dieu.
- Juste un bout de zacate², tu en veux un peu ?
- Merci mais, je n'en mange pas.
- Mais, que vas-tu faire alors ?
- Je mourrai de faim peut-être puis de soif…

Le lapin s’approcha de Quetzalcóatl et lui dit ;
-Ecoute, je ne suis qu’un petit lapin, mais si tu as faim, mange-moi, je suis là…

Le dieu bienveillant fut étonné par la réaction du petit lapin et lui répondit :
-En effet tu n’es qu’un petit lapin, mais tout le monde, pour toujours, se rappellera de toi.

Ensuite le dieu le souleva, très très haut, jusqu’à la lune où la figure du lapin resta figée. Après cela le dieu le descendit à nouveau sur terre et ajouta :
-Le voilà ton portrait dans la lumière, pour tous les hommes et pour l’éternité.

(1) Quetzalcóatl (littéralement « quetzal-serpent », c'est-à-dire « serpent à plumes de quetzal », en nahuatl), est le nom donné, dans le centre du Mexique, à l'une des incarnations du serpent à plumes, qui était une des principales divinités pan-mésoaméricaines. Le plus ancien et le plus immuable des aspects symboliques du serpent à plumes semble être de nature agricole. En effet, de cette ancienne époque jusqu'à aujourd'hui, les peuples indigènes l'ont associé au cycle de croissance du maïs, comparant les feuilles vertes de la plante à des plumes de quetzal et les épis à des écailles de serpent.

Comme souvent dans la pensée mésoaméricaine, le symbolisme du serpent à plumes est imprégné de dualisme : il est à la fois rattaché à la terre, par le serpent, et au ciel, par les plumes de l'oiseau.

(²) Le mot Zacate veut dire gazon, pelouse, fourrage. Comme beaucoup d’autres mots courants en espagnol et finissant par –ate (aguacate, chocolate, tomate), il est d’origine nahuatl.

Représentation d’origine Mexica de la lune.

La prochaine fois que vous profiterez d’une nuit limpide essayez de retrouver le petit lapin de cette légende aztèque. Ci-dessous, quelques indices graphiques :


Vous ne verrez peut-être plus la lune de la même façon ou bien, votre imagination empruntera les plumes de Quetzalcóatl et découvrira le petit lapin.

dimanche 7 septembre 2014

Cement Eclipses



Faisant partie du projet « Cement Eclipses » (Eclipses de Ciment) l’artiste espagnol Isaac CORDAL, marqué par la bétonisation de son pays natal et taraudé par certaines thématiques, a envahi les rues de plusieurs pays (le Mexique inclus), avec de petits squelettes et autres figurines de ciment. Plus on rencontre de ces figurines dans la rue, plus on se retrouve dans un état d’introspection du mode de vie contemporain.

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Eclipses de Ciment est une définition critique de notre comportement comme une masse sociale. L’œuvre essaie d’attirer l’attention sur la perte de notre relation avec la nature à travers d’un regard accusateur aux conséquences collatérales de notre évolution. Avec le savoir-faire d’un metteur en scène, les figurines sont extrêmement bien placées de telle sorte qu’elles agissent très rapidement comme des portes à d’autres mondes. Les mises en scène accentuent le caractère routinier et machinal des tâches de la vie contemporaine.

Des hommes et des femmes sont suspendus et isolés dans des poses qui peuvent prendre plusieurs sens. Les figurines peuvent nous arracher un souvenir d’un autre temps ou un sourire qui aurait pu être effacé, voire oublié... Elles présentent des fragments de vie, où la nature toujours présente, nous encourage à maintenir un intérêt pour la survie. La précarité de ces statuettes anonymes, à hauteur des chevilles des passants, représente encore les souvenirs nomades d’une construction imparfaite de notre société. Ces petites sculptures contemplent immobiles la destruction et reconstruction de chaque élément de notre société.

Les œuvres miniatures de CORDAL se veulent génératrices d’un sentiment d’empathie aux nombreuses situations rencontrées dans la vie de chacun de nous ; pour l’artiste, les miniatures constituent une métaphore du collapse du Capitalisme et les effets secondaires du progrès, toujours à la recherche des objectifs matériels et en abusant du temps. Malgré tout cela, les figurines sont également les émissaires de l’espoir, du désir absolu de survivre et faire face aux malaises sociaux.

Après tout, l’absurdité de notre existence en fait également partie...